Jame SAUREL est un peintre, de cette manière dont j’aime le dire. Son travail semble dérouler ce fil qui relie le passé très lointain au présent. L’œuvre nous touche au cœur, sans tricherie, sans aucune imposture. Partout sourd le rouge. Mais de ces rouges qui se composent de pigments que la nature offre à ses fils en héritage ; ocre de terre, brun de racines, poudres de pierres broyées…
Sur ces champs vibratoires carminés en superpositions graphiques, apparaissent des fenêtres ouvertes sur ce qui délimite le jardin secret de l’artiste. L’art comme révélateur du sensible. C’est l’Afrique qui nous appelle et qui nous parle par le mystère de la voix du peintre. Cette Afrique qui n’est ja- mais très loin et qui offre une belle palette d’émotions, dans le secret d’une langue aux intonations sincères. Dans le corps de l’expression, se trouve une écriture parfois rupestre, sorte d’alphabet du fond de l’être, qui ex- prime une forme d’exil, comme pour apporter un autre regard à l’environnement abstrait qui l’encadre. L’effet hypnotique de la couleur se concrétise parla résultante d’un hommage rendu à ROTHKO – autre peintre de la nuit rouge – quelques années auparavant.
Comme on porte sa croix, Jame SAUREL porte la couleur au paroxysme des limites humaines. Cette franchise frontale nous ramène à appréhender notre vulnérabilité, face à la dimension de l’énigme que confère la peinture, à travers ses différents codes.
Il n’est pas interdit de se pencher au-delà ! Abstraction lettrée, serait le terme que j’emploierais bien volontiers pour définir cette œuvre qui ouvre sur une vraie démarche idéologique : la non – tranquillité de l’être et ses conséquences positives.

Mylène VIGNON Historienne de l’Art – Critique d’Art juillet 2012

80x120 cm Huile sur toile Technique miste
80x120 cm Huile sur toile Technique mixte